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Est-ce que je suis névrosé(e) ???

névrosé ou normal

Tous névrosés ?

Est ce que je suis névrosé ? C’est une question que l’on se pose parfois dès lors que l’on s’interroge sur sa santé psychique. Difficile d’y répondre avec certitude, car en cherchant la définition d’un névrosé, on tombe avant tout sur l’énumération et la description d’un large éventail de troubles que nous avons sûrement déjà traversé à un moment ou à un autre de notre vie : « culpabilité, anxiété, douleurs somatiques ou des idées irrationnelles, obsessions… » . Il est facile de se reconnaître et de se perdre dans ces tableaux cliniques puisqu’ils correspondent plus ou moins à la plupart d’entre nous. Au contraire, la schizophrénie, la perversion, l’autisme ou les états limites représentent toutes des exceptions facilement détectables par contraste justement avec… la névrose qui fait office de norme dans le domaine psychologique.

À court de définition satisfaisante de la névrose, on peut se rabattre en se renseignant sur ses différents développements pathologiques, quitte à en délaisser le dénominateur commun : névrose obsessionnelle, névrose hystérique, névrose phobique…

Mais qu’est ce qu’un névrosé ? Le plus simple pour répondre à cette question est de procéder par élimination, en convoquant ce profil type sur une scène et en le confrontant avec d’autres personnages qui, pour le coup, ne sont pas des névrosés : psychotique, pervers, état limite ou autiste.

 

Différences avec les autres structures

En guise de scène, imaginons un tournoi de poker organisé entre convives par un des joueurs. En début de partie, chacun a construit son propre jeu en fonction de différents facteurs : ce qu’il pense comprendre du jeu des autres, le hasard qui l’amène à tirer certaines cartes plutôt que d’autres, et enfin la stratégie dans laquelle il a choisi de se lancer et qui organisera toute la suite de sa partie. Aucune carte n’est bonne ou mauvaise, c’est leur combinaison à un moment précis dans le cadre de la partie qui se révélera salvatrice ou non.

À chaque profil son mode de jeu social

Le jeu de la psychose…

Commençons par présenter le profil psychotique : dès le départ il est parti vers une compréhension radicalement différente de la nature du jeu. Ainsi, il a inventé d’autres règles dans sa tête à mesure que la partie avançait. Il garde précieusement dans sa main un ou deux jokers, des cartes qui n’ont strictement rien à faire dans les règles du poker, mais qu’à cela ne tienne ! Il est sûr de son coup et la partie est déjà jouée ! S’il apparaît aux autres joueurs comme un compagnon de jeu dans son monde, peu sensible à l’humour et parfois inquiétant, le psychotique, lui, sait bien qu’il est au centre de la partie, aussi ne passe t’il pas forcément un mauvais moment.

Pour cette raison, en suivi psychologique il est préférable de recevoir ces profils en présentiel, en face à face plutôt qu’en distanciel: ils sont difficiles à suivre et la proximité est essentielle pour créer un vrai lien de compréhension.

 

Le jeu de la perversion…

Le pervers ensuite : c’est le tricheur invétéré, il ne peut pas rentrer dans le jeu sans être sûr de l’emporter d’une manière ou d’une autre. Les règles ne le concernent pas et la partie en elle-même n’est qu’un jeu de dupes qu’il saura exploiter à son avantage, au détriment des autres car là est son bon plaisir. Il lorgne sur le jeu de ses adversaires en cherchant à endormir leur vigilance (s’il peut leur faire les poches au passage, il ne s’en prive pas). Le bluff est pour lui un plaisir sadique incomparable, une seconde nature dont il abuse. Il doit jouer fin, car sitôt démasqué, le rappel à la loi va l’évincer de la partie.

Pour ces profils foncièrement pervers, la thérapie psychologique n’est pas toujours à considérer d’emblée, puisqu’à la différence des autres, il leur est difficile de respecter le cadre des séances et de se remettre sérieusement en question. Une définition claire du cadre de consultation est nécessaire et sécurise d’ailleurs le professionnel de soin.

 

Le jeu Border line…

Le border line (aussi appelé « état-limite ») est un joueur perdu et paniqué. Contrairement aux deux précédents joueurs, à force d’hésitation, il n’a pas réussi à construire un jeu qui lui semble suffisamment solide pour tenter quoi que ce soit. Il est bloqué. A t’il bien saisi les règles du jeu ? Il en doute constamment et cette inquiétude de novice lui enlève toute assurance : le groupe est anxiogène et il n’est pas dans le jeu. Il aimerait quitté la partie mais il a en même temps peur d’être exclu du groupe, alors il fait bonne figure en attendant que ça se passe.

Les suivis psycho-thérapeutiques en distanciel sont une bonne approche pour les personnalités état-limite puisqu’ils abordent différemment cette difficulté de s’ouvrir à l’autre, là où une première consultation en face à face serait souvent perçue comme trop anxiogène pour être envisagée.

 

Le jeu classique… Le jeu de la névrose

Le névrosé enfin, est le type de joueur le plus commun : il joue dans le strict respect des règles pour avoir ensuite la récompense. Quand il y a conflit entre les joueurs, c’est à ces mêmes règles qu’il se rapporte pour trancher et, contrairement au pervers, il a à cœur de s’y plier et de s’excuser s’il est en tort. Les problèmes que se pose le névrosé découlent des règles auxquelles il se réfère et qui sont sources d’ententes mais aussi de conflits.

Conflits internes premièrement, car comme tout le monde à cette table, il aimerait bien rafler la mise et faire son fanfaron, mais en a-t-il le droit ? La mort dans l’âme, il renonce à exploiter les failles qu’il observe. Dans le cas contraire, la culpabilité lui gâterait tout plaisir et c’est peut-être de lui même qu’il renoncerait à ce bien-être en avouant sa faute : « non les gars, je le mérite pas ».
Conflits externes ensuite : il s’énerve quand le psychotique abat ses deux jokers : « mais c’est pas comme ça qu’on joue ! ». Il en voudra à mort au pervers s’il fait la moindre entorse au règlement. Il fulmine contre le border-line qui hésite trop et voudrait passer son tour. Il tempête contre le retard du joueur autiste qui n’est toujours pas arrivé au tournoi. Mais comme il ne peut pas défendre seul cette kyrielle de justes causes, il prend sur lui et cela lui est souvent difficile.

Pas si simple d’être névrosé…

Par conséquent, si la culpabilité est pour vous un sentiment tout à fait étranger, c’est que vous n’êtes pas un névrosé. Si au contraire, vous cherchez à comprendre et à respecter les règles d’un groupe ou d’une scène pour vous y investir, c’est que vous êtes vous êtes bel et bien un névrosé. Auquel cas, tant mieux pour vous puisque cela débloque beaucoup de possibilités qui ont des chances de réussir. La où, en revanche, la névrose devient pathologique, au point que les autres modèles lui soient parfois préférables, c’est quand la référence à la règle est exagérément lourde et qu’elle ne permet pas de tisser des liens qui soient plaisants ni avec les autres ni avec vous mêmes.

Soulignons, pour terminer, que la crise du coronavirus a durement éprouvé les personnes névrosées en malmenant profondément leurs règles de savoir vivre. Il leur est plus difficile qu’hier de se projeter dans l’avenir pour mieux supporter les mauvais jours : d’où logiquement, une demande accrue des demandes de suivis psy et le développement accéléré du distanciel avec les téléconsultations et la texte thérapie qui proposent toutes deux de nouvelles approches.

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