Phobies : des peurs intenses qui touchent entre 5 et 15% de la population selon la phobie
La phobie, qu’elle soit d’impulsion, scolaire, sociale ou autre, touche entre 5 à 15 % de la population selon la phobie. D’après une étude (Cameron Alasdair, Crash Course Psychiatry, Elsevier Ltd), les femmes sont doublement touchées par les phobies par rapport aux hommes.
Chez l’humain, de nombreuses peurs peuvent un jour s’amplifier jusqu’à devenir démesurées, en fonction des expériences et des apprentissages. Lorsque la peur s’aggrave fortement et s’installe dans la durée, alors elle devient phobique. Les phobies sont donc des peurs qui deviennent incontrôlables pour les individus.
Mais comment s’installe une phobie ? Quelles sont les phobies courantes et les phobies spécifiques ? Quelles solutions pour soigner une phobie ? Quels outils pour évaluer l’intensité d’une peur pathologique ?
Qu’est-ce qu’une phobie ?
La phobie peut être définie comme une peur excessive et irrationnelle face à un objet, un individu ou un animal, une situation, un environnement. Les phobies sont effrayantes et difficilement contrôlables pour ceux et celles qui la vivent. Elles peuvent provoquer une véritable anxiété et panique. Non prises en charge, elles auront la plupart du temps des répercussions négatives sur le quotidien de la personne. La phobie est donc à distinguer de la peur naturelle, qui elle est fondée sur des éléments rationnels. En revanche, la peur fait partie intégrante de la phobie. Dans ce cas précis, elle a simplement un caractère irrationnel.
On classe aujourd’hui les phobies dans la vaste liste des troubles anxieux. Pour pouvoir établir le diagnostic de phobie, il faut que le sujet ressente une peur intense et durable lorsqu’il est confronté à l’objet de son dérangement. Une personne souffrant d’une phobie a conscience de l’aspect excessif et/ou irraisonné de son attitude, pour autant elle n’arrive pas à se contrôler.
Définition de la peur
A l’inverse de la phobie, la peur est une réaction naturelle, normale, et qui a une utilité. La peur permet notamment de réagir face à une menace ou un danger. Elle aide donc les humains et les êtres vivants en général à se protéger, à rester en vie. La peur déclenche une réaction de protection, qui peut se traduire par la fuite, l’évaluation rationnelle des risques afin d’agir, ou par une autre stratégie. Une personne qui n’aurait peur de rien, pourrait éventuellement se mettre en danger.
Quand la phobie déclenche un trouble panique
Chez les personnes ayant une phobie, les crises de panique sont fréquentes. On parle alors de trouble panique, qui se traduit par des crises d’angoisse aiguë. Pour qualifier ces crises de trouble panique, il faut qu’elles se déclenchent régulièrement sur une certaine durée. La personne a alors peur de revivre ces crises de panique. Le trouble panique est un trouble anxieux répétitif (crises d’angoisse aiguë imprévisibles), qui engendre une peur par anticipation (celle de revivre la charge émotionnelle d’une nouvelle crise).
Une phobie peut parfaitement déclencher un trouble panique. On sait par exemple, que 2 personnes sur 3 souffrant d’agoraphobie, sont concernées par un trouble panique.
Phobies : combien en existe t-il ?
Il existe autant de phobies qu’il existe d’objets, de lieux, de situations, d’animaux, etc. Inutile donc d’essayer de les compter ou de vouloir toutes les connaître ! Certains articles abordant la psychologie humaine face aux peurs pathologiques, mentionnent des centaines et des centaines de phobies différentes. En voici quelques-unes dites “peu communes” en guise d’exemple.
- Ablutophobie – la peur de se baigner
- Acousticophobie – la peur du bruit
- Aupniaphobie – la peur de l’insomnie
- Bacillophobie – la phobie des microbes
- Chronophobie – la phobie du temps
- Dolichophobie – la peur de grandir
- Emetophobie – la peur de vomir
- Entomophobie – la peur des insectes
- Iatrophobie – la phobie des médecins
- Monophobie – la peur du silence
- Ochlophobie – la peur de la foule
- Onirophobie – la peur de rêver
3 phobies courantes au sein de la population
Aujourd’hui, les phobies les plus courantes et aussi les plus connues du grand public sont les suivantes.
Phobie sociale
Concernant la phobie sociale, la prévalence sur une vie entière oscille entre 3 et 13 %. Des études récentes attestent que les femmes sont plus souvent touchées par une phobie sociale que les hommes. Pour la plupart des patients, la peur pathologique sociale prend forme dans l’adolescence, généralement autour de 16 ans. Quand l’apparition des troubles a lieu après l’âge de 25 ans, la situation est un peu inhabituelle et il faudra trouver l’événement déclencheur pour mieux soigner la phobie.
Phobie d’impulsion
La phobie d’impulsion est un symptôme psychiatrique qui se traduit par une importante crainte de commettre un acte transgressif, agressif ou violent. La phobie d’impulsion est toujours associée à un sentiment de honte chez les patients. En psychiatrie, la phobie d’impulsion est considérée comme un trouble obsessionnel compulsif. Le sujet a en permanence peur de devenir agressif, blessant ou de transgresser la morale, un peu comme si une force incontrôlable en lui menaçait d’exploser à tout moment.
Phobie scolaire
La phobie scolaire est maintenant bien reconnue depuis une dizaine d’années environ. Il s’agit d’une forte angoisse qui submerge l’enfant simplement à l’idée de devoir se rendre à l’école. L’enfant a peur d’aller à l’école et il ne se sent apaisé qu’une fois qu’il en est dispensé. La crise d’angoisse survient le plus souvent au moment de quitter la maison. La phobie scolaire, ou refus scolaire anxieux, représente 5 % des consultations en pédopsychiatrie et environ 2% des enfants en souffrent. Concernant la phobie scolaire, les garçons sont autant touchés que les filles.
Phobies spécifiques : quelles sont les peurs intenses les plus répandues ?
Une phobie spécifique désigne un trouble anxieux associé à une peur irrationnelle face à des situations ou objets notamment. Les personnes qui en souffrent ont des attitudes d’évitement intenses. Voici quelques phobies spécifiques répandues.
La claustrophobie
La claustrophobie est une crainte intense des lieux fermés. 2 à 5 % de la population adulte souffre de claustrophobie.
L’agoraphobie
L’agoraphobie est définie par la crainte de se trouver dans des lieux publics ou de devoir parcourir de grands espaces où il y a du monde qui peut interagir avec nous ou s’intéresser à nous, en nous regardant simplement par exemple. L’agoraphobe est capable de ne plus sortir de chez lui juste pour ne pas avoir à vivre cette situation.
Zoophobie
La zoophobie c’est la peur des animaux en général, même face à des animaux totalement inoffensifs.
Phobies des éléments naturels
Dans les phobies liées aux éléments naturels, on peut retrouver la peur de la nuit (noctiphobie) ou encore la phobie des éclairs (tonitrophobie) par exemple. Il s’agit là de phobies spécifiques.
Phobies liées aux transports
Dans la catégorie des phobies liées aux transports, on a la peur irraisonnée de la voiture (amaxophobie), la peur de l’avion (aérophobie) ou encore la peur du vélo (cyclophobie).
Phobies liées au domaine médical
L’ématophobie ou peur du sang et des blessures, est la phobie la plus connue dans le domaine médical. On peut également citer la vaccinophobie, c’est-à-dire la peur des vaccins, ou encore la peur d’avoir un cancer (cancérophobie).
Phobies : les outils pour évaluer l’intensité d’une peur pathologique
Il existe aujourd’hui certains outils permettant d’évaluer efficacement l’intensité d’une peur pathologique.
L’échelle comportementale d’anxiété et phobie de Véra
Cette échelle sert à évaluer l’anxiété et la phobie des adolescents et des enfants, notamment dans le cadre d’une anxiété de séparation ou d’une phobie scolaire.
Le questionnaire des peurs de Marks et Mathews
Ce questionnaire peut être d’une grande aide pour évaluer les peurs pathologiques. Il est possible de s’en servir pour mesurer l’intensité d’une agoraphobie, d’un trouble anxieux, d’une phobie sociale ou d’une phobie spécifique.
Traitement phobie : comment soigner une phobie ?
Plusieurs types de traitements peuvent être mobilisés pour soigner une phobie. Bien entendu, les anxiolytiques et/ou antidépresseurs peuvent s’avérer nécessaires pour traiter l’anxiété et des états dépressifs. Mais la psychothérapie comportementale et cognitive ou une psychothérapie analytique, doit être au centre du traitement de la phobie.
La psychanalyse pour guérir d’une phobie
La psychanalyse, permet au patient de prendre progressivement conscience des mécanismes psychiques inconscients qui sous-tendent la peur pathologique dont-il souffre. En faisant ce travail d’analyse sur lui, il a une meilleure compréhension globale de la situation, et sa peur diminue.
Les thérapies brèves pour aider à vaincre une phobie
Dans le traitement des phobies, les thérapies brèves ne sont pas à écarter. Qu’il s’agisse d’une restructuration cognitive, de diminuer les angoisses grâce à la relaxation / méditation, ou de s’entraîner aux compétences sociales, il est utile de les envisager en complément.
La technique de désensibilisation progressive
La désensibilisation est une méthode qui a fait ses preuves dans le traitement des phobies. La désensibilisation implique une réponse émotionnelle du sujet moins forte lorsqu’il est exposé aux stimulis dérangeants de manière prolongée et répétée.
A force d’être exposée, la personne a généralement moins de craintes vis-à-vis de sa phobie. La désensibilisation permet de réduire les signaux excessifs de peur et d’anxiété.