On fait parfois le rapprochement entre un psychologue et un ami, surtout quand la thérapie se passe bien, quand ce n’est plus une épreuve mais un plaisir que d’aller à sa séance. Il est vrai que, comme avec un ami, nous retrouvons chez le psychologue une implication bienveillante et une réelle attention portée à ce que nous lui disons. Mais ce rapprochement a ses limites et il est important que le psychologue sache les poser à tout ceux qui viennent le consulter. Si une telle confusion s’installe dans la psychothérapie, elle restreindrait nécessairement son champ d’action.
Le psychologue ne se substitue en aucun cas à l’ami et vice versa, car le lien avec l’ami suppose une réciprocité d’affection. Se lier d’amitié c’est se retrouver autour d’un dénominateur commun qui permet de se rencontrer autour d’un plaisir partagé. Ce socle commun de l’amitié peut être une activité, une ensemble de connaissances, un centre d’intérêt ou une expérience partagée, ect… Si ces points communs viennent à disparaître et qu’ils ne sont pas remplacés par d’autres, alors le lien d’amitié s’efface : les anciens amis n’ont plus rien à se dire puisqu’ils n’ont plus rien en commun.
Il en va tout autrement avec le psychologue qui se doit de rester neutre pour éviter que ces aléas mettent le suivi en péril. Si sa bienveillance et son émotivité sont bien présentes en séance, c’est parce qu’ils les convoquent à des fins thérapeutiques, en tant que professionnel de la santé psychique et non pas parce qu’ils est dans de bonnes disposition envers vous.
Payer la consultation soulage le patient d’avoir à rendre quelque chose en retour à son psychologue, que cela soit en acte ou en parole comme on le ferait avec un ami. Ainsi, aucune dispute que vous pourriez avoir avec votre psychologue ne le libérera du secret professionnel : les confidences et les pensées intimes que vous lui avez confiées resteront strictement entre vous. Vous devez tout pouvoir lui dire, que cela lui plaise ou non.
Contrairement à vos amis, moins vous en saurez sur la vie privée de votre psychologue et mieux ce sera. Ce n’est pas pour lui que vous venez le consulter, mais pour vous. Pour cette raison vous pouvez tout lui dire, il n’a pas à le prendre personnellement ou à vous raconter sa vie. De manière générale, il vaut mieux commencer un suivi thérapeutique en téléconsultation ou une texte thérapie avec un psychologue dont on ne connaît absolument pas la vie privée plutôt qu’un suivi en face à face avec un professionnel de votre ville que vous connaissez déjà personnellement sous un angle privé.
Certains patients cherchent souvent à rompre ce silence sur la vie de leur psychothérapeute en posant des questions sur son âge, d’où il vient ou s’il est parent. Il est à ce moment important que le professionnel interroge cette curiosité à son égard car y répondant il inverserait les rôles et passerait à côté du sens de la demande.